Un peu de mon parcours …

La conversion de mes grand-parents au catholicisme, bien sûr, vient des histoires racontées par ma mère de son enfance. Je veux dire par là qu’ayant été mise, dans la foulée, à l’école française, je ne connais pas exactement la version vietnamienne officielle de cet épisode de notre histoire.

Je ne ressentais pas une ferveur particulière devant les images du Christ, de la Sainte Vierge ou d’autres saints. Pire, je crois que ces images de « blanc » se mêlaient à un vécu d’opprimé et de résistant transmis par mon grand-père. Ils étaient en dehors de ma vie et c’était bien comme ça.

J’allais peu au caté et n’en gardais pas un souvenir particulièrement heureux.

Adulte, j’ai rencontré la Voie transmise par un français, Arnaud Desjardins, reçue de son maître hindou, Swami Prajnanpad. Cette Voie, si complète et qui répond si bien à ma recherche de cohérence et de rigueur, comble toutes mes attentes d’un chemin me permettant de sortir de mes souffrances. Elle m’a sauvée.

Je n’avais aucune raison « d’aller voir ailleurs ». J’avais tellement peu de temps de lire les livres d’Arnaud (c’est comme cela que nous l’évoquons à l’ashram), de les assimiler et de mettre en application tout son enseignement. Depuis 22 ans, je reviens à ses livres et je découvre toujours du nouveau que je n’ai encore ni vu ni senti, avec tout mon être, combien ce nouveau est important et a manqué à mon cheminement.

Je n’avais aucune raison d’aller voir ailleurs donc. Pourtant, il y a quelques mois, j’ai fait la rencontre avec le Christ*, dans la profondeur. Quelque chose en moi m’empêchait de nier cette rencontre, de hausser les épaules et de passer mon chemin. Encore un délire de plus !

Je retournais voir ce « petit livre rouge » (elle a une couverture rouge, la Bible dans ma bibliothèque). J’avoue humblement que je n’ai rien compris de ce qu’elle raconte. Entendons-nous bien. Bien sûr que de manière littérale, je comprenais ce qui y est écrit. Mais aucune relation avec le chemin spirituel tel que je le connais ! Je retrouvais le même malaise, la même sensation d’enfermement, les mêmes injonctions impossibles à suivre du caté de mon enfance.

Cependant, le Christ que je rencontrais dans la profondeur m’attirait, me touchait et n’avait rien à voir avec ce que je percevais de ma lecture littérale des Évangiles.

Ma vie est plutôt bonne. Je suis sortie de cet enfer de souffrances. Mes clients me font confiance. Avec ma famille et mes amis, je tisse une relation non parfaite, parfois souffrante mais sincère et nourrissante.

Pourtant, je sens bien qu’une partie fondamentale de mon cœur reste bien fermée. Il y a une dureté dans ce cœur qui me désole.

Je sentais que, dans ma rencontre avec le Christ dans la profondeur, quelque chose du niveau du cœur allait se jouer pour moi, comme une réponse à la demande que je portais en moi depuis quelques années: mieux aimer, aimer vraiment.

*Je tiens à préciser que j'utilise le mot "Christ" non par conviction que Jésus est le Messie annoncé dans l'Ancien Testament. Je n'en sais rien. Je ne sais pourquoi, ce nom me vient et me touche, tandis que  le nom de Jésus ne résonne pas en moi.

Mai Vo Thi Phuong

PS: Étant vietnamienne, utilisant une langue sans conjugaison aussi élaborée que le français, l'utilisation parfaite de la conjugaison dans la narration m'est très compliquée. Je prie le lecteur de m'excuser pour ces confusions dans l'utilisation des temps et des modes.