page-header

Aimer, qu’est-ce-que c’est?
2ème partie

Aimer, qu’est-ce-que c’est? – 2ème partie

Qu’est-ce donc aimer ?

Est-ce éprouver une attirance pour quelqu’un, composée de mes manques à combler et de mon besoin névrotique de donner, pour être aimé en retour ?

Ce que je nomme « besoin névrotique de donner » est cette tendance mécanique que nous avons de donner à l’autre ce que nous pensons être bon pour lui, en espérant que cela lui fera plaisir et qu’il nous appréciera en retour.

Attente d’être aimé qui se transforme en rejet et haine quand l’autre me déçoit et ne me comble plus.

Quel enfer, cet amour-là, toujours suivi de son compère la haine !

« Ce que vous appelez habituellement amour est l’expression du sens de l’égo, de la séparation, de la limitation individuelle, donc le besoin d’être aimé ».*

Quand je dis à un autre : « je t’aime », en vérité, je lui dis : « Aime-moi. »

Si je me retourne sur mon existence, combien cette phrase éclaire-t-elle mes enfers affectifs et mes échecs relationnels!

Cet amour-là n’est sûrement pas l’amour dont parlait le Christ.

« L’amour des sages pour nous-mêmes est un amour qui ne juge pas. Il peut être ferme, apparemment sévère pour aider à progresser, certes, mais en vérité, il ne juge jamais. C’est un amour absolu, expression de leur réalisation de la non-dualité, de leur neutralité intérieure…. Le Sage nous aime tels que nous sommes. »**

Aimer, c’est embrasser toutes les formes, sans aucune distinction.

Pour éviter la confusion de sens, au lieu de dire : « J’aime les grands, je n’aime pas les petits », je pourrais dire : « J’ai de l’attirance pour les grands, je n’ai pas de l’attirance pour les petits ».

Aimer, c’est être comme l’eau, qui prend la forme de tous les vases qu’elle rencontre : état qu’Arnaud appelle « communion ».

Aimer, c’est être en communion, rejoindre l’autre là où il est, dans son monde, ses limitations, dans ce en quoi je ne me sens pas du tout attiré d’emblée.

Cet état de communion suppose que je me décentre de moi et de ce qui est important à mes yeux pour m’intéresser à ce que pense et ressent l’autre. Il suppose ainsi que je mette l’autre au centre de la relation.

Je peux sentir combien appendre à aimer me demande à me détacher de ma forme, c’est-à-dire de mes opinions personnelles, de mes préférences, de mes jugements,…, de tout ce qui fait le « petit moi ».

Comment, à partir de l’amour à notre niveau ordinaire, centré sur nous, fait de besoin d’être aimé et de conditions, arriver à l’amour inconditionnel, sans attentes et sans son revers de haine, mettant l’autre au centre, qui demande une véritable transformation intérieure et qui est l’aboutissement d’une pratique?

Comment faire le chemin de détachement par rapport à ce qui constitue le petit moi ?

Un état impossible à atteindre ?

Est-ce possible pour nous, si blessés et ayant tant manqué de reconnaissance et de regard, d’arriver un jour à cet état de communion et d’ouverture inconditionnelle à l’autre ?

Le chemin n’est sûrement pas simple ni rapide pour beaucoup d’entre nous mais il est certainement possible et de l’aide nous sera accordée. Le mode d’emploi et la promesse nous sont donnés par les maîtres des différentes traditions.

Le maître bouddhiste THICH NHAT Hanh parle de l’esprit d’amour, la bodhicitta, qui émerge en nous si nous sommes déterminés à aimer et à aider, nous et les autres, à sortir de la souffrance. « L’esprit d’amour » ou « l’esprit d’éveil » nous donne de la force pour « affronter et franchir toutes sortes d’obstacles ».***

« Si vous n’avez plus peur de ne pas être aimés, vous pouvez aimer et vous sentir être aimés. »****

« Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. En effet, quiconque demande reçoit, qui cherche trouve, à qui frappe, on ouvrira. Ou encore, qui d’entre vous, si son fils lui demande du pain, lui donnera une pierre? »*****

Telle est mon expérience.

Oui, j’ai conscience qu’à cet endroit de mon écriture, j’ai à parler de mon expérience sur ce chemin d’apprendre à aimer. Que tout cela ne soit pas que des mots ! Ce qui n’est intéressant pour personne ! Que cela vienne de mon expérience !

J’ai à témoigner de ce qui m’a été donné comme aide, en plus de l’enseignement d’Arnaud, pour pouvoir progresser. Je le ferai dans le prochain article.

Je peux dire qu’aujourd’hui, mon besoin d’être aimée s’est beaucoup érodé et dans la relation, je suis plus en mesure de me soucier de l’autre. Je n’en éprouve nulle frustration. Au contraire, chaque fois que je peux le faire, je ressens de la gratitude pour ce que j’ai reçu et pour ce que je peux donner en retour.

Alors, courage ! En route !

 

*Arnaud DESJARDINS, Pour une vie réussie, un amour réussi, La table Ronde, p.232

**Arnaud DESJARDINS, idem, p.239

***THICH NHAT Hanh, Bouddha et Jésus sont des frères, Le Relié, Pocket, 2001, p.66

****Arnaud DESJARDINS, idem, p.250

*****Math. 7, 7-9

Laisser un commentaire