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Sur le chemin d’apprendre à aimer

Sur le chemin d’apprendre à aimer

Longtemps, j’ai cru qu’être aimée me sortirait de la souffrance et me donnerait la paix, tel un nouveau-né dans les bras de sa mère, après la tétée, heureux et repu !

Je me souviens encore de cette jeune femme, entrant dans une pièce ou dans une rencontre, avec cette demande béante en elle : « Aimez-moi ! Aimez-moi ! Je vous en supplie ! Aimez-moi ! ».

Fort possible que pour beaucoup d’entre nous, c’est cela, notre vérité intérieure.

Cette demande assouvie, le temps du début d’une rencontre amoureuse par exemple, peut apaiser un instant comme la nourriture apaiserait la faim mais tôt ou tard, l’enfer revient avec son cortège d’insatisfactions, de mal-être et de frustrations.

Par l’observation, je vois bien que ce phénomène est expliqué par l’imperfection humaine et la différence de l’autre. Je vois aussi la toute-puissance, l’insécurité et l’avidité de notre enfant intérieur qui « veut un bras si on lui donne une main », qui ne se sent comblé à ce moment-là que si on lui donne le bras, et qui, quasiment tout de suite après, demande….. Puis, il y a autre chose, peut-être plus fondamentale encore, qui tient à notre nature profonde.

Aujourd’hui, après un long cheminement, je fais l’expérience qu’aimer me donne beaucoup plus le sentiment d’être heureuse. Bien sûr, je suis loin d’être au bout du chemin et je ne comparerais pas ce dont je suis capable aujourd’hui avec des êtres éveillés et réalisés.

Cependant, il est vrai que, de mettre un autre au centre, je n’éprouve aucune frustration ! Il y a 10 ans, cela me paraissait juste inconcevable !

La vérité est que nous ne sommes pas venus au monde avec le potentiel de demeurer un bébé qui demande à être nourri indéfiniment. Notre potentiel est d’aimer. C’est pour cela que nous sommes en paix quand nous aimons . Nous sommes en paix quand notre nature profonde s’accomplit.

« Pour l’Enseigneur, il ne semble pas naturel de s’attacher ainsi à ce que, par notre connaissance, nous savons être passager et transitoire ; il est naturel d’aimer les êtres et les choses pour ce qu’ils sont…. »*

Dans son commentaire de la page 8 de l’évangile de Marie, Jean-Yves Leloup parle de « naturel ». Oui, c’est naturel d’aimer puisque c’est notre nature profonde. C’est l’inverse qui n’est pas naturel : l’attachement à ce qui est éphémère dû à notre besoin d’être aimé.

Procéder par étapes, dans l’ordre

Bien sûr, les choses doivent être faites dans l’ordre. Nous ne pouvons pas aimer, même si nous portons ce germe-là en nous, si la faim et la soif d’être aimés sont encore très agissantes .

En tout cas, c’est dans cet ordre-là que j’ai procédé, en suivant l’enseignement d’Arnaud. J’ai tenté, tant bien que mal, de faire la paix avec cette part de moi incapable d’aimer. Il n’y a pas d’autre façon de faire réellement la paix que de comprendre.

Pendant longtemps, cette part incapable d’aimer, qui veut seulement sa part dans l’existence, doit être nourrie et comblée, pour que notre nature profonde, celle d’aimer, puisse s’accomplir.

Je n’étais pas seule. J’étais aidée par les personnes chargées de la transmission à l’ashram. J’étais aidée par la bonté et l’amour dont Arnaud témoigne à travers ses livres et la conception du lieu où tout est mis en œuvre pour notre progression. Peu à peu, tout cela m’imprégnait.

Nous ne pouvons pas aimer si nous n’avons pas fait réellement l’expérience d’être aimés. Nous ne pouvons mettre qui que ce soit au centre si nous ne sommes pas mis au centre et si nous ne le faisons pas aussi pour nous-même. Nous seuls pouvons le faire, avec l’aide du maître.

Le Christ est venu, si j’ose dire, achever l’œuvre d’Arnaud vis-à-vis de moi. Je l’ai reconnu quand j’ai été en contact avec son énergie d’amour. Aujourd’hui, je chemine, me semble-t-il, avec lui et il habite mon cœur.

Par la grâce d’Arnaud, j’ai rencontré le Christ. Par la grâce du Christ, je tiens ce blog. Ce faisant, je chemine avec les deux enseignements qui ne se contredisent en rien et qui s’approfondissent mutuellement. C’est le même message sous des formes différentes.

Cheminant avec les 2 enseignements, me confrontant toujours avec les frottements de l’existence et vérifiant chaque jour la véracité des enseignements, je sens mon cœur habité par la foi en la bonté et l’amour des maîtres. Je le sens qui s’ouvre chaque jour un peu plus.

Pourquoi aurais-je moi seule cette chance et pas vous ?

Assumez votre mendicité de l’amour, osez affirmer : « J’ai besoin d’être aimé. »

Et soyez malins. Demandez-le à ceux qui peuvent aimer : les maîtres vivants ou morts. De ceux qui sont morts, n’ont disparu que leur corps physique. Ils sont toujours parmi nous, en nous.

Thay THICH Nhat Hanh nous dit :

« Je prends refuge dans le Bouddha, celui qui me montre la voie dans cette vie. »« Celui qui me montre la voie dans cette vie » commence avec Shakyamuni l’Eveillé. Mais si vous pratiquez bien,vous verrez qu’il n’est pas quelqu’un d’autre, parce que vous avez la nature de Bouddha en vous-même….**

Et le Christ :

« …….Et moi, je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin des temps. »***

Telle est mon expérience. Arnaud et le Christ sont toujours avec moi. De l’aide m’a toujours été accordée.

Dans le prochain article, j’étudierai les pratiques enseignées par le Christ pour notre transformation intérieure.

*Jean-Yves Leloup, L’évangile de Marie, Coll. Spiritualités vivantes, Albin Michel, 2000, p.73

** THCH NHAT Hanh, Bouddha et Jésus sont des frères, Le Relié, Pocket, 2001, p. 101

*** Math. 28,20

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