Rappelons-nous que les potentialités sont nombreuses et multiples en chacun de nous et que l’ultime, la plus haute, celle qui fait que nous sommes « le fils de l’homme » est l’Amour.
Cependant, il est donné à peu, très peu d’entre nous, la possibilité de réaliser d’emblée l’ultime.
Ultime signifie dernier dans le temps (Hachette).
Dans l’article n° 8, j’ai cité cet écrit d’Arnaud :
« Amour est synonyme de Brahman, amour est synonyme d’Atman, amour est synonyme de Conscience, amour est synonyme de Sagesse, amour est synonyme d’Eveil. »
Voilà pourquoi l’Amour est notre ultime potentialité et qu’il existe un chemin de réalisation spirituelle dans le monde ordinaire. Il y a ceux qui entrent au monastère et qui, directement, essaient de réaliser Dieu, le divin, la nature de Bouddha, l’Amour.
Et nous, qui vivons dans le monde profane, sommes-nous condamnés à une errance sans fin, vivant une existence vidée de son sens et qui se trompe de direction, attendant tout de l’extérieur au lieu de faire le retour vers soi ?
Sommes-nous condamnés à pratiquer des religions et des rituels qui nous maintiennent à l’extérieur et dans l’exil de nous, alors que tous les enseignements spirituels, y compris celui de Jésus, nous disent que le salut (le Royaume, la nature de Bouddha, l’Unité, le Divin,…) est à l’intérieur de nous ?
Le chemin spirituel dans le monde consiste d’abord à prendre au sérieux nos aspirations les plus ordinaires et à les réaliser.
Concrètement, comment ça s’est passé pour moi ?
Je n’ai pas vu tout de suite que j’étais entrain de réaliser mon potentiel. Il m’a fallu arriver à environ 60 ans pour le voir clairement.
Avant cela, je le vivais comme étant quelque chose qui me poussait malgré moi ou qui m’était imposé par la vie et ses circonstances.
Je suis devenue mère à l’âge de 21 ans. Sans entrer dans les détails, j’étais en difficulté avec la vie de famille. Je devais pressentir l’immense responsabilité que ce statut apportait et qui ne correspondait nullement à mon manque de maturité, mon besoin de liberté et ma grande intolérance vis-à-vis des contraintes.
J’ai aussi souvent vu, plus tard, dans l’accompagnement de mes clients que beaucoup de personnes rechignent à réaliser leur potentiel. Nous verrons dans le prochain article les raisons de cette difficulté.
Quand je me retournais sur mon parcours et que je voyais les 8 maternités que j’avais vécues (précisons au passage que je ne venais pas du Moyen Age et que , donc, oui, je connaissais les moyens contraceptifs), je ne pouvais que m’incliner devant le caractère non hasardeux de ces maternités.
Oui, quelque chose était à l’œuvre malgré moi.
Quand j’examinais mes choix, je ne pouvais que voir la corrélation entre ces choix et ces maternités.
Après être devenue mère et après avoir vu mon incompétence, j’ai décidé très rapidement de commencer des études dans les Sciences de l’éducation. Je n’ai pas voulu acheter un seul magazine sur l’éducation ni consulter un pédiatre ou un psychologue. Je voulais comprendre par moi-même les choix éducatifs. C’est dire l’importance que j’accordais déjà à l’éducation et l’investissement que j’étais prête à y consacrer.
La suite du parcours ne faisait que confirmer ce constat. Parmi les choix importants, j’ai passé le concours d’institutrice, j’ai fait des pieds et des mains pour inscrire mes enfants à l’école Freinet. Contre vents et marées, j’ai vécu avec mes enfants d’une certaine manière. Pour finir, à 49 ans, après avoir quitté l’Éducation Nationale pour cause d’incompatibilité, quand je me suis posée la question de mes compétences, la réponse est venue assez rapidement. C’est dans le champ de l’éducation que je me sentais apte à quelque chose. Je me suis installée en libéral comme consultante familiale en 2004. En 2016, j’ai ouvert l’IFPRE (Institut de formation de personnes-ressources en éducation).
Ainsi, depuis 1976, tout mon parcours me préparait à ce premier aboutissement. Je suppose que nul n’est besoin de nommer ce potentiel qui poussait.
Dans un prochain article, je relaterai l’arrière-plan de ce chemin qui semble si simple et si facile, décrit comme cela. Cela a tellement l’air d’aller de soi. Eh non, pas du tout ! Réaliser son potentiel ne va pas de soi !
Je vous rappelle les mots de Karlfried Graf DÜRCKHEIM, cités dans l’article précédent.
« Saisi par sa mission vis-à-vis du monde, Il se voit responsable de l’oeuvre qui lui est imposée, et en même temps, incapable de répondre à sa Grande Mission par manque d’ « être » et de « pouvoir ». »
Voilà la difficulté : « par manque d’être et de pouvoir » .
Je parlerai aussi de ce qui a permis la bascule vers l’exercice de la potentialité ultime qu’est l’Amour.