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Participer à la santé du monde

Je me suis déjà souvent posée cette question devant le spectacle du monde si souffrant, si incohérent et si décourageant.

Comment participer et contribuer à ce que ça aille mieux ?

Je n’ai ni l’être d’une militante associative, ni celui d’une activiste, ni celui d’une femme politique.

Malgré cela, l’enseignement d’Arnaud me donne une clé pour contribuer, et non pas la moindre.

Arnaud nous invitait à cette vigilance dans nos actions, en sachant que nos pensées et nos paroles sont des actions. Ce que je suis entrain de dire ou de penser participe-t-il à la santé du monde ou à l’aggravation de sa maladie ?

Même si nous n’avons pas de responsabilité directe (quoi que ça se discute), nous participons par nos pensées ou nos paroles à l’état du monde.

Le conflit international actuel, si proche de nous, renforce ma détermination à pratiquer dans ce sens.

Ne pas rajouter des conflits au conflit, de la confusion à la confusion, du désespoir au désespoir et de la peur à la peur.

A la haine et à la violence actuelles, que puis-je faire ou plutôt comment pourrai-je être pour ne pas en rajouter ?

A la peur qui est là depuis un moment, comment ne pas en rajouter ?

Ne pas en rajouter à la peur

Précisons tout de suite que « ne pas en rajouter à la peur » ne veut pas dire « ne pas avoir peur » : ce qui est impossible puisque, quand j’ai peur, eh bien, j’ai peur.

« Ne pas en rajouter à la peur » c’est « ne pas nourrir des pensées de peur »,

« Qu’allons-nous devenir si la guerre nucléaire éclate? » Bien, pour l’instant, elle n’est pas là. Revenons à la réalité des faits.

Par contre, reconnaître sa peur puis la ressentir pour être avec, sans nourrir les pensées, est un geste d’amour vis-à-vis de soi et, en cela, permet d’accueillir la peur de l’autre, l’aider à moins entretenir les pensées de peur et alimenter l’énergie d’amour et de paix.

N’empêche que si la peur est tout le temps là, cela devient épuisant de devoir sans arrêt gérer ses pensées de peur et prendre soin de son corps souffrant.

Qu’est-ce-qui va permettre une certaine paix et une certaine stabilité intérieures ?

Un chemin de compréhension et de vision juste est nécessaire pour ne pas être assailli par la peur, ainsi qu’une habitude de pratique.

Bien sûr, ce qui est entrain de se passer devant nos yeux à la fois peut nous imposer la peur mais aussi constituer une opportunité pour nous ouvrir à une autre compréhension et à une autre expérience.

Notre culture et notre civilisation nous ont imprégnés d’une vision très étriquée de la réalité.

Si ma vision du monde est limitée à ma petite personne, que je sais extrêmement vulnérable -ce corps mortel comme on dit- comment ne pas éprouver cette peur tellement envahissante quand le monde connu et sécurisant vacille ?

Si je suis convaincue de l’existence seule de cette dimension horizontale où tout ce qui existe prendra fin un jour -y compris moi- et que cela s’arrête là, comment ne pas avoir peur quand la perte se profile à l’horizon ?

Les maîtres spirituels -dont Jésus- n’ont de cesse de nous montrer une autre réalité qui nous permet d’échapper à la peur. Peu d’entre nous la voient d’emblée, tellement l’illusion est forte.

« Jésus a dit :

Je me suis tenu au milieu du monde
et je me suis manifesté à eux dans la chair.
Je les ai trouvés tous ivres.
Je n’ai trouvé parmi eux personne qui eût soif,
et mon âme a souffert pour les fils des hommes,…. »*

Pourtant, c’est possible et les épreuves sont des opportunités qui nous sont offertes pour éprouver cette soif.

« Tout ce qui vous arrive vous arrive comme un défi et comme une opportunité. »**

« La douleur, le chagrin, la perte, les frustrations incessantes de toutes sortes sont là dans un but réel et crucial : nous réveiller, nous aider, et presque nous obliger à échapper au cycle du samsara et à libérer ainsi notre splendeur emprisonnée. »***

Ne pas en rajouter au conflit

La nécessité de ne pas en rajouter quand j’assiste à un conflit entre personnes est tout aussi impérieuse concernant un conflit entre nations. Par la nature de mes pensées, je peux participer à nourrir ou non ce conflit.

Certes, c’est difficile de considérer du même regard les deux partis quand l’on nous présente l’un comme étant diabolique et l’autre angélique.

Par imprégnation culturelle, nous traçons une ligne de démarcation claire entre ce qui est considéré comme le bien et ce qui est considéré comme le mal. Nous nous séparons de l’agresseur et nous sommes avec l’agressé.

Si nous pouvons nous ouvrir à cette idée que toute agression vient d’un fonds de souffrance et peut être considérée comme une maladie nous signalant un déséquilibre intérieur, cette ligne de démarcation nous semblera erronée.

« Car j’ai eu faim et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’ai eu soif et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger et vous ne m’avez pas recueilli ; nu et vous ne m’avez pas vêtu ; malade et en prison et vous ne m’avez pas visité…. »****

Il est entendu que Jésus parlait des souffrances de l’âme même si on peut entendre sa parole dans un sens littéral.

Et pour montrer qu’il n’y a aucune séparation entre qui que ce soit ou quoi que ce soit, il ajoutait :

«  En vérité, je vous le déclare, chaque fois que vous ne l’avez pas fait à un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l’avez pas fait. »*****

Il enseignait que l’accès à la Paix est impossible chaque fois qu’il y a séparation et exclusion.

« Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel et les justes à la vie éternelle. »******

Essayons de ne pas laisser les réactions usuelles nous faire rejeter cet enseignement. « Châtiment éternel » est une image pour nous parler de ce monde horizontal et ses souffrances incessantes.

Sans l’ouverture du cœur pour prendre soin aussi de l’agresseur, au moins dans la pensée, nous n’accéderons pas à la Paix. Sans paix du cœur, pas de paix dans le monde.

Arnaud ne nous disait pas autre chose :

« En vérité le seul ennemi de la Société, c’est -lui et toujours lui- l’égo de l’homme, donc les égos de chacun des hommes et chacune des femmes qui composent cette société. Quand le sens de la vie humaine est oublié ou même ouvertement nié, aucune réforme politique ne peut donner ce sens à ce qui l’a perdu, ni diminuer la tension, donc la souffrance, qui résultent de l’étouffement des aspirations fondamentales . »*******

*Extrait du logion 28 de l'Evangile de Thomas
**d'après une parole de Swami PRAJNANPAD
***Le livre de la vie et de la mort, Sogyal Rimpoche, p.163, 1992, Ed. La Table Ronde
****Math. 25, 42-43
*****Math. 25, 45
******Math. 25, 46
*******Les chemins de Sagesse, Arnaud DESJARDINS, tome 3, p. 240, 1972, Ed . La Table Ronde
  • Billet valerie
    Sep 28, 2022 Répondre

    Bonsoir Mai
    Effectivement nous sommes attendus dans notre incarnation. Il n’y a pas de limite entre la spiritualité et la matérialité . Et si chacun de nous surveille ses pensées actes comportements alors nous pourrons construire une autre humanité.
    Je t’embrasse

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