Qui aime ? – 1ère partie
Avant d’aborder les pratiques permettant l’ouverture du cœur, des préalables demandent à être posés.
L’intention
L’intention doit être clairement posée dès le départ.
Cet apprentissage d’aimer se fait dans quelle intention ?
Revenons sur la phrase du Christ évoquée à la fin de l’article précédent .
« En effet, qui veut sauver sa vie, la perdra ; mais qui perd sa vie à cause de moi, l’assurera. »
Fait-il l’apologie du culte de la personnalité ?
Souvenons-nous qu’il a aussi dit :
« Je suis le chemin et la vérité et la vie. » *
« Celui qui m’a vu a vu le Père. »**
« … qui perd sa vie à cause de moi… » : qui renonce à la vie telle qu’il pense qu’elle doit être, qui renonce à sa toute-puissance, par amour pour la vérité, pour le chemin, pour l’absolu, pour l’ultime.
« … l’assurera » : la Vie (ou Dieu ou le Divin ou la grande Réalisation) se révélera en lui.
Encore une fois, c’est un enseignement donné à qui veut chercher l’ultime.
Qui veut laisser le « petit moi »*** dicter ses décisions et mener sa « petite vie »*** ne laisse pas « la grande Vie »*** se manifester à lui et en lui. A l’inverse, celui qui renonce au petit moi et se laisse mener par la grande Vie réalisera la grande Réalité qui jamais ne meurt et laissera se manifester l’ Amour, depuis toujours en lui mais voilé par le petit moi.
Telle est la promesse des enseignements traditionnels.
Mon intention est-elle de pouvoir aimer tout en préservant le « petit moi » et ma « petite vie ? Dans ce cas, mes tentatives de pratique sont vouées à l’échec. Peut-être qu’il y aura des petites améliorations dans mon existence, mais pouvoir aimer sans son revers de haine sera toujours hors de ma portée.
Qui aime ?
Nous avons vu qu’aimer n’est en rien ce sentimentalisme ni ce romantisme dont nous sommes abreuvés depuis toujours par la culture.
L’apprentissage d’aimer consiste en un un geste précis : embrasser toutes les formes, être en communion.
En ce sens, aimer et préserver le petit moi sont incompatibles.
De même, il m’est demandé de devenir plus vaste pour m’aimer : embrasser toutes mes parts et être en communion avec elle. Ce n’est pas le petit moi qui peut réaliser cela. Seule la part en moi qui est en chemin peut sortir du rejet et inclure les personnages que je n’aime pas.
Cet apprentissage n’est pas du repos : « ça » ne se fait pas tout seul. Au début, cela demande de l’effort et de la vigilance.
Ce geste ne nous est pas spontané. Il demande à être pratiqué pour qu’un jour, l’effort et la volonté disparaissent et laissent la place à un état d’être : être amour.
Ainsi passer de l’effort à l’aisance.
*Jean 14, 6 **Jean 14, 9 ***Ces trois termes ont été utilisés pour traduire le livre de Karlfried Graf Dürckheim « La percée de l'être ou les étapes de la maturité », Ed. Le Courrier du Livre, 1970