Qui aime ? (2ème partie)
Aimer : faire ou être
C’est faux de dire « savoir aimer » comme si c’est une action, en parlant de l’amour dans son vrai sens.
C’est faux de dire comme je l’ai écrit précédemment « savoir le faire ».
Parce que nous envisageons « aimer » comme une action et non comme un état, nous cherchons à rendre l’action de plus en plus en parfaite et stable et nous portons tous nos efforts sur l’action.
Exemple de questionnement récurrent : « Comment je peux faire pour mieux l’aimer ? ».
D’ailleurs, beaucoup donnent des conseils dans ce sens. « Faites ceci, ne faites pas cela. »
Et nous nous trompons d’exercice.
Tant qu’aimer est une action, cette action aura lieu parfois et n’aura pas lieu d’autres fois. Elle est aléatoire, tant elle dépend de nos états intérieurs, limités, instables et changeants.
Aujourd’hui je veux, demain je ne veux plus.
Aujourd’hui je peux, demain je ne peux plus.
Tout tourne autour de moi, du petit moi : j’ai envie, je n’ai plus envie, je me sens bien, je me sens mal…
J’aime l’autre quand il me convient, quand ses agissements me conviennent.
Et inversement, je ne l’aime plus quand ce qu’il fait me déplait.
C’est pourquoi l’amour humain ordinaire est limité, instable et changeant.
C’est notre vécu habituel de l’amour. J’aime, je n’aime pas. Je suis aimé, je ne suis pas aimé.
Tant que nous ne travaillons pas à stabiliser nos états intérieurs, être aimant de manière stable nous est inaccessible.
« Mais être amour -non pas aimer- être en état d’amour, nous nous en rendons compte, demande un long cheminement. »*
L’amour devient stable et permanent quand nous ne faisons plus l’action d’aimer mais quand nous devenons amour, nous sommes amour.
Stabiliser nos états intérieurs
Cette stabilité intérieure, autrement appelée l’équanimité, s’obtient grâce à l’exercice ou l’ascèse.
L’exercice permet l’usure de l’égo et de la volonté égotique.
L’exercice permet le décentrage de soi et permet de considérer l’autre ; cet autre pouvant être une part de moi, une personne distincte de moi ou une situation.
L’exercice rend le petit moi de plus en plus transparent, ce qui laisse la place à de plus en plus de lumière émanant de la grande Vie.
« Le Nouveau Testament gravite autour ces deux idées essentielles, la métamorphose et l’amour, l’une et l’autre étant inextricablement liées, puisque nous ne pouvons être établis dans cet amour supérieur qui ne vacille plus que si un changement profond et définitif s’est opéré en nous. »**
C’est cela le but de la pratique.
Les articles suivants parleront de l’exercice permettant l’usure du petit moi et de la volonté égotique.
*Arnaud DESJARDINS, En relisant les Evangiles, p. 83, Ed. La Table Ronde, 1990 **idem, p. 91