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L’exercice
(1ère partie)

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Rappelons que les Evangiles sont un enseignement sacré transmis par un maître à ses disciples. Plus précisément, ce sont des traces écrites, laissées par des personnes ayant reçu , directement ou non, l’enseignement du Christ .

Dans tout enseignement sacré, le maître parle du But, du chemin pour y parvenir et de l’état dans lequel le disciple se trouve avant de commencer le chemin.

C’est le cas aussi pour les Evangiles.

Les Evangiles peuvent être considérés en grande partie comme un manuel technique concernant la possibilité pour l’homme de passer du niveau Terre au niveau Ciel.*

Les articles nommés « L’exercice » parlent de ce que je comprends du manuel technique laissé par le Christ.

Oui, en effet, le chemin est l’exercice. Ce n’est pas la recherche d’états ou d’espaces extraordinaires !

Cheminer spirituellement pour réaliser l’amour et ainsi la paix, c’est s’exercer, c’est pratiquer.

A quoi donc s’exerce le chercheur d’Amour, de Vérité et de Paix ?

1er exercice : Aucun refus

Revenons sur la vie publique de Jésus ( 3 ou 4 ans selon les sources) en ayant à l’esprit que le récit concerne autant le Jésus historique que notre cheminement intérieur.

« Ce qui est dit concerne bien sûr un certain Jésus de Nazareth qui a vécu il y a deux mille ans en Palestine mais concerne également chacun de vous. Il s’agit de votre aventure intérieure, de votre propre transformation, de votre métamorphose aussi spectaculaire que celle de la chenille en papillon. »**

Toute la vie publique du Christ est une illustration de ce non-refus.

Contrairement aux mœurs de son époque, il ne rejetait aucune des catégories sociales déconsidérées : les femmes, les prostituées, les publicains même riches. Il les acceptait parmi ses disciples, il mangeait à leur table. Il guérissait même l’enfant d’un centurion romain. Il parle à la samaritaine et évoque la bonté d’un samaritain (Luc, 10, 29-37). Dans le contexte de la Palestine de cette époque, où les samaritains sont méprisés par les juifs, « il devient évident que Jésus invite à un sérieux travail sur les dynamiques psychiques ordinaires et les habitudes émotionnelles. Comment atteindre cet état d’amour permanent si les préjugés sont encore profondément enracinés ? »***

Le non-refus ne peut donc provenir que d’un travail sur nos conditionnements venant de l’éducation et de la culture, ce qui est un travail également sur notre mécanicité.

Ce n’est pas un « oui » mécanique car on nous a dit que c’est mal de juger et que c’est bien de ne pas juger.

Ce « oui » vient d’un changement de posture : sortir du « non » mécanique qui vient de notre civilisation et qui fait partie de nos conditionnements. Si chacun d’entre nous s’observe, il peut voir combien ce « non » imprègne son existence. Il pleut et c’est  non », il fait soleil et c’est aussi « non » pour d’autres raisons.

Il vient aussi de l’examen de nos conditionnements et de nos pensées de jugement et de rejet systématiques. Les examiner, en vérifier la validité, s’ouvrir à l’observation des différences de l’autre pour le comprendre nous amène beaucoup plus souvent au « oui » qu’au « non ». Si c’est un « non », ce sera toujours un « non » dû à la réalité au lieu d’un « non » réactionnel. Et ce « non » réaliste s’accompagne toujours d’un « oui » à la personne et à la situation.

Par exemple : Mon conditionnement est : «ne pas appeler quelqu’un pour son anniversaire, cela veut dire qu’on ne l’aime pas, qu’on s’en fiche de lui. » Mon mari ne pense jamais à me souhaiter mon anniversaire. Cela veut-il forcément dire qu’il ne m’aime pas et que je n’ai aucune importance pour lui?

Peut-être que la manifestation de l’affection chez lui passe par d’autres canaux . Peut-être que l’anniversaire chez lui n’a pas le même poids que chez moi. Pour le savoir, j’ai à prendre soin de ma colère ou de ma déception et en sortir pour pouvoir le rejoindre dans son monde et tenter de comprendre ce qui est important pour lui. J’ai à être ferme avec mes pensées qui se saisissent tout de suite de la situation : «  Tu vois bien, ce n’est qu’un égoïste, il ne t’aime pas, etc.. ». Nous sommes tous très forts pour faire cela.

Cette démarche peut me permettre de remettre en question mon conditionnement qui est toujours une généralité non applicable à tout le monde. Elle me permet de m’élargir aux réalités de l’autre.

Elle use ce petit moi qui ramène tout à lui et qui interprète toutes les actions de l’autre à la lumière de ce prisme : « On m’aime, on ne m’aime pas ! » « C’est bien, c’est mal. »

Et après, je peux dire « non » à son idée de réparer ensemble le poulailler le jour de mon anniversaire mais je ne suis pas obligée de le rejeter ni de le juger.
*Arnaud DESJARDINS, En relisant les Evangiles, p.110, Ed. La Table Ronde, 1990

**idem, p.74

***Eric EDELMANN, Jésus parlait araméen, p.174, Ed. Le Relié, 2012

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