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L’exercice
(2ème partie)

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1er exercice : Aucun refus (suite)

De même que l’exercice consiste à ne rejeter personne ni aucune situation, il consiste aussi à ne rejeter aucune part de soi.

Reprenons l’exemple donné dans l’article précédent.

2 cas de figure :

1ère situation

Si je ne suis pas encore en capacité d’accueillir mon mari dans sa différence et que je suis juste furax, il s’agit de ne pas me mentir, de m’illusionner à propos de mes capacités, de fermer les yeux devant mes limitations et de prétendre être accueillante et compréhensive alors que je ne le suis pas du tout !

Aucun refus, même vis-à-vis de cette part de moi, furax et frustrée, même si elle me déçoit. « J’en suis encore là ? Oh, non ! »

Si je ne peux pas encore la prendre dans mes bras, au moins je peux essayer de mettre l’éclairage dessus, la voir et reconnaître son existence en moi.

Et si je continue à la rejeter, reconnaître ce rejet !

Oui, les maîtres disent tous , chacun à leur manière : «Aucun refus, c’est le chemin. »

« Le Christ Jésus n’a pas été oui et non, il n’y a eu que oui en lui. » St Paul*

« Selon le Bouddha, il nous faut en premier lieu faire l’expérience de la vie telle qu’elle est. » Chôgyam TRUNGPA*

« Le véritable objet (du Zen) est de voir les choses telles qu’elles sont, d’observer les choses telles qu’elles sont, et de laisser passer toute chose comme elle passe » Shunryu SUZUKI*

« OUI devrait être votre seul mot dans la vie. Dites  « Oui » à tout et ne déniez rien….. Voyez et sentez « Ce qui est ». » Swami PRAJNANPAD*

« Au lieu de me projeter moi-même, je veux savoir ce qui est. Non pas : je devrais être comme ceci ou la réalité devrait être comme cela. Quelle que soit la réalité, je veux la connaître, telle qu’elle est, toute nue. » Rajneesh*

2ème situation

Ah, ce 2ème cas de figure est un peu plus délicat !

J’ai beaucoup cheminé et la colère ou le rejet n’est plus aussi « gros sabot » qu’auparavant.

Et puis on a évolué ensemble, mon mari et moi. J’ai vu ses efforts et sa réelle affection pour moi.

Et puis, il y a mon désir d’être une bonne personne, à ne plus mordre dans tout ce qui bouge et à être compréhensive !

Et puis (enfin!) il y a le désir de me montrer comme étant quelqu’un qui a avancé et qui n’est plus la personne immature d’avant.

C’est ce désir qui va, la plupart du temps et à mon insu, l’emporter.

Nous sommes tous dans cette posture, moi, vous, tant la culture et l’éducation nous demande d’être gentils et de plaire à papa, maman, pépé, mémé, enfin bref… Et à chaque instant de mon chemin, les progrès que j’accomplis sont récupérés par ces injonctions et mon désir de plaire.

Si je veux avoir une petite vie gentille, c’est tout à fait possible de garder cette posture. Pourquoi pas ? C’est tellement tranquille de continuer à porter des masques conventionnels de sociable ou de gentil et de se persuader de cela !

Cependant, cette posture est incompatible avec un cheminement spirituel !

Selon Swami Prajnanpad, le maître d’Arnaud, un chercheur de Vérité est d’abord un chercheur de non-vérités. Veuillez noter le pluriel de l’expression et que cette recherche de non-vérités concerne d’abord soi-même !

C’est tellement vite fait de dénoncer les mensonges chez l’autre !

Avant de voir la Vérité ou d’abord la petite vérité telle qu’elle est, nous avons à être vigilants à propos de nos non-vérités.

Quel est l’indice ?

Un petit malaise qui reste alors que j’affirme être en paix, un petit agacement, une petite voix qui continue de murmurer : « Oui, mais quand même, me proposer de faire le poulailler le jour de mon anniversaire…. ».

Oui, quelque chose coince aux entournures.

C’est cela, ma non-vérité.

C’est cela que j’ai à voir pour reconnaître ma vérité de l’instant : «  Non, je ne suis pas en paix. Oui, je suis encore en colère. Oui, cette façon de traiter le jour de mon anniversaire, je la rejette! »

Et, si ça se trouve, si je donne de l’espace à ce mouvement, je verrai de nouveau toute ma férocité encore à l’oeuvre.

Là, j’entends, comme si j’y suis, un chœur de protestations : «  Oh, et puis quoi, déjà je lui saute pas dessus. Il faut encore que je continue à m e remettre en question. »

Je l’ai fait tellement de fois avec moi-même. Et puis je me souviens que c’est moi qui cherche la Lumière et pas lui. Enfin, si, mon vrai mari, si !

Je me souviens aussi que c’est moi qui cherche l’Amour sans son contraire de haine et que tous les maîtres disent : « Aucun refus ! Aucune exception ! »

Logique, non ? Peux-tu trouver un seul objet ou un seul être qui ne soit pas la manifestation de la Vie, du Divin ou de Dieu? Pourquoi ma part féroce, furax et frustrée ne serait pas Sa manifestation ?

Bon exercice !

*Véronique LOISELEUR, Anthologie de la non-dualité, p. 51 à 57, Ed. La table Ronde, 1997

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